Je n’ai jamais eu peur de ce que je pouvais voir. Toujours de l’Invisible. Dans ma chambre, Il ressemblait à un bruit de grignotage et de déglutition dans le mur juste à côté de mon oreille. Impossible de savoir à quoi ressemblait la bête. Elle se rapprochait, plus près, toujours plus près, comme si elle voulait entrer à l’intérieur de mon oreille, à l’intérieur de moi, et me remplir de noir. J’ai lutté toute mon enfance contre l’Invisible, mais un jour,
Il est entré.
Je l’entendais dans la journée, Il était là, dans mon oreille. Ce bruit infernal de succion. Ça me maintenait éveillée, ça m’empêchait de me concentrer, et la tristesse avec. Dans mon corps tout entier.
C’est froid la tristesse.
Comme un papillon mort qui se débat dans ton cœur. Un papillon mort encore persuadé d’être vivant. Il cherche la sortie.
On a cru que c’était ça, un papillon échoué dans mon lobe.
Rien.
Le médecin a parlé d’acouphènes. De manque de magnésium. J’ai pris des ampoules, ça n’a pas éclairé mes nuits, mais les bruits sont retournés dans le mur.
Je les entends encore parfois et je sais que c’est lui, l’Invisible, alors j’allume la lumière et l’Invisible se replie un instant, juste un instant, Il attend, patient, Il attend que le noir revienne.
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Photo by Henry & Co. on Unsplash
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