L’ENFANT :
Mes yeux se ferment, tu es là.
Mirage.
Je ne veux pas te perdre, pas une nouvelle fois, pas encore. Plus rien n’est pareil, mais je m’accroche, encore un instant. Rien qu’un tout petit instant. Je m’accroche au soleil sans détourner le regard.
Rouge.
Violet.
Orange.
Jaune.
Mes mains dans la terre. Une larme. Les couleurs se tassent. Il n’y a plus que du noir sous mes paupières closes.
Déjà, tu as disparu.
Je me souviens du bruit de la pluie sur la tôle, je me souviens du rire de ma mère, ricochet sur l’eau de la rivière. Je me souviens des vêtements noyés, remontés à la surface, frappés. L’éclat des gouttes sur les roches. Le rire de mon frère mêlé au mien. Des cailloux ramassés dans les courants, tu as laissé un goût sucré sur ma mémoire : le goût des letchis et des mangues.
Je voudrais m’arracher la langue.
Les effluves de la terre me saisissent à la nuit tombée, me réveillent. Plus jamais je ne suis en paix. Plus jamais depuis qu ‘on m’a arraché à toi. Et maintenant, maintenant plus que jamais ton ombre se fait menaçante. J’ai peur.
Maman, laves-tu toujours ton linge à la rivière ?
Ton visage est resté souriant dans ma mémoire, tes mains aussi jeunes que ton rire. Je veux me noyer encore dans ton rire. Dis moi que ton corps n’est pas encore devenu froid ? Dis-moi que le soleil continue à le réchauffer, comme il continue de réchauffer les fruits en décembre.
Promets-moi.
Ta voix.
Je cherche ta voix dans ma mémoire, seul ton rire est resté. Je l’accroche à mon cou, ton rire en collier. Et tout le monde l’admire, et je parade: c’est celui de ma mère. Ma gorge, un nœud impossible à défaire.
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