Cher toi #103_mon histoire avec les mots

Pendant le mois de mai, j’ai renoué avec les mots.

Vraiment. 

Entre lecture et écriture, j’ai replongé dans mon amour des mots et ça faisait longtemps !

J’ai toujours eu un lien très fort avec les mots, et même si je m’en éloigne parfois, je reviens toujours.

Laisse moi te raconter mon histoire d’amitié/amour avec eux.

Enfance

Je suis née à la Réunion et j’ai vécu dans une maison assez isolée, avec un grand jardin mais sans électricité (c’est arrivé vers mes 9 ans).

Ma mère n’a jamais aimé lire et ne l’a jamais caché. Elle n’a pas le goût de la lecture, elle s’ennuie et préfère faire des choses de ses mains : jardiner, tricoter, se lancer dans des travaux manuels créatifs…

Il n’y a jamais eu de grande bibliothèque chez moi (pas avant que  je commence moi-même à accumuler des livres). Chez ma mamie en revanche, il y avait une étagère remplie de romans. Des romans pour adultes. Denses, avec des petites écriture et sans dessin. Je passais pas mal de temps à contempler les livres, à sentir leur odeur, à regarder les petites lettres fines sur la page.

Ma mère n’aimait pas lire, mais chaque soir (ou presque), à la lueur de la bougie, elle nous lisait une histoire à mon frère et à moi. L’un de mes livres préférés c’était le loup et les sept biquets. Je connaissais l’histoire par cœur ! Si bien qu’un jour, je l’ai emmené à l’école maternelle et je l’ai « lu » devant toute la classe, tournant les pages au bon moment. Je ne savais pas encore lire, mais j’en donnais l’impression.

A cet âge là, j’étais toute timide, pourtant quand je me suis retrouvée devant la classe à montrer les images comme le faisait la maîtresse, ma timidité s’est envolée.

J’étais portée par les mots et l’histoire. 

Ma mère n’aimait pas lire, mais elle a travaillé dans une bibliothèque lorsque j’étais toute petite. Je n’ai aucun souvenir de cette époque. Je sais juste qu’elle m’emmenait parfois avec elle et que je passais des heures dans les livres.

Et… chaque fois que je retourne à la bibliothèque de ma ville, l’une des bibliothécaires me raconte la même anecdote : moi, enfant, au milieu des livres. « On dirait que tu savais lire ! Tu tournais les pages et tu racontais ton histoire. » Cette image l’a marquée.

Et puis, j’ai appris à lire. 

On allait à la bibliothèque avec l’école, j’empruntais des livres que je ne lisais pas.

Je faisais semblant.

Je prétendais lire des ouvrages longs, alors que je ne faisais qu’en tourner les pages.

Pourquoi ?

Pour paraître intelligente je crois, mais aussi parce que je n’avais pas encore trouvé LE livre.

Ce livre, ça a été (comme pour beaucoup de monde) Le petit prince. Pour la première fois, je me suis retrouvée plongée dans un livre. Je ne pouvais pas m’arrêter. Je lisais en marchant, je lisais assise, debout, sur les marches de chez ma mamie.

Impossible de m’arrêter !

Quand j’ai tourné la dernière page… je me suis sentie à la fois vide et pleine.

Vide de cette lecture qui m’avais accompagné.

Pleine de cette lecture qui m’avait changé à jamais.

Je crois que c’est à partir de là que j’ai su.

J’ai su que je voulais écrire des livres. 

J’ai commencé à écrire des poèmes et à mettre en mots les aventures que nous inventions mon frère et moi.

J’ai continué à lire, et parfois à faire semblant de lire aussi.

Adolescence

Au collège, je suis tombée malade et je suis restée des mois à la maison, avec pour seule compagnie les livres. Ils ont été un refuge. J’ai lu Heidi à cette époque et tous les livres qui traînaient dans la maigre bibliothèque de la maison. Des livres donnés par untel ou untelle.

Une fois guérie, j’ai dévoré quantité de livres du CDI du collège : Ewilan, les orphelins Baudelaire…

Tellement, que la dame du CDI a crée un prix spécialement pour moi : celle qui emprunte/lit le plus de livres !

J’étais plus à l’aise dans le monde des livres que dans celui des pré-ados.

Je continuais à écrire mes petites histoires à côté. J’ai même donné l’une d’entre elle à ma prof de français pour qu’elle le lise.

Elle m’a gentiment encouragé.

Au lycée, j’ai découvert la médiathèque ! 

Jusqu’à présent je m’étais contentée d’une petite bibliothèque et d’un CDI, tous les deux pas très grands.

Là, j’entrais dans une médiathèque de trois étages !

J’ai pris la décision de noter chaque lecture pour les comptabiliser à la fin de l’année.

En seconde j’ai lu 54 livres !

Côté écriture, j’ai participé à un concours de nouvelles suggéré par notre prof de français et j’ai remporté le premier prix ! 

La suite, tu la connais.

Adulte

Départ en métropole, licence de philosophie :

J’ai découvert des livres plus techniques, des livres de philo, de développement personnel, des livres de réflexions… j’ai écrit des dissertations, appris à mettre en mots des raisonnements.

Mais la fiction me manquait.

J’ai fui la philosophie pour l’Angleterre où j’ai participé au Nanowrimo en rédigeant la première moulure du Chronophage. J’ai lu mes premiers livres en anglais, me suis passionnée par ses conteurs hors pairs !

Et puis, le Master Création littéraire ! Les rencontres amicales, littéraires, les explorations.

Le retour à la Réunion et avec lui, l’envie grandissante de partager tout ça ! 

Le début de Youtube, du blog, du podcast… et tellement plus.

 

 

J’ai connu de nombreuses phases dans ma vie où les mots se sont fait plus discrets.

Moins le temps de lire, moins d’envie. 

 

Il y a eu des livres claques.

Il y a eu des livres bof, des livres oubliés, des livres-réponses et des livres-questions.

 

Et chaque fois que je renoue avec les mots, que je lise ou que j’écrive, j’ai l’impression de retrouver cet ami qui me connais par cœur.

ll m’a vu grandir, m’épanouir, me questionner, douter…

Il était là à chaque étape et très tôt j’ai su… qu’il ne m’abandonnerait jamais.

à bientôt peut-être,

Elodie


Et toi, partage moi ton histoire avec les mots en commentaire ou dans un article !

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Elodie Lauret Écrit par :

Un commentaire

  1. anzala
    21 novembre 2021
    Reply

    Bonjour, Elodie
    Je me retrouve un peu (beaucoup) dans ton histoire avec les mots, surtout pendant l’enfance.
    Je n’ai jamais mis les pieds dans une école, mais j’ai appris assez tôt à lire et je me souviens encore du premier vrai « livre » (autre qu’une bd ou album pour enfant) que j’ai lu. Je me souviens très clairement de mes impressions, de l’odeur des pages, du premier paragraphe, du vertige de découvrir un monde immense derrière de simples traces d’encre alignées sur du papier. J’avais 7 ans et c’était Cugel l’astucieux, de Jack Vance. Je me souviens également avoir pensé : si tous les livres sont comme celui-là, je ne m’ennuierais jamais. Et depuis, je n’ai pas cessai de lire.
    Enfant, mes parents m’interdisaient de trop lire, pour que je fasse autre chose que ça, ou pour que je dorme, tout simplement. Mais ce n’était pas encore des mots, pas vraiment. Plutôt des images et des histoires derrière les mots. Je pense que l’importance du « mot » en soi, se suffisant à soi même, ne m’est apparu qu’avec la poésie (sans doute Prévert ou Baudelaire) quelques années après.
    Ensuite, j’ai voulu écrire, bien sûr…
    Merci pour tes lettres du matin (et ton enthousiasme au sujet de l’écriture), elles (et il) me reboostent bien.

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