Je n’ai jamais été quelqu’un qui accorde de l’importance à ses habits.
Je n’ai jamais été « à la mode », je n’ai pas de style vestimentaire particulier.
La seule fois où je m’habillais en conscience c’était en Angleterre : col roulé, veste de costard, pantalon en toile, petits escarpins, maquillage discret. Je ne me suis jamais sentie aussi professionnelle qu’en cette période.
Comme si le fait d’enfiler des vêtements particuliers diffusait un code de conduite à mon corps.
Là-bas, les élèves portent l’uniforme et, bien que les professeurs ne le portent pas, il y a tout de même un code vestimentaire assez précis.
Depuis, c’est plutôt : j’attrape ce qui me tombe sous la main. En général, c’est confortable : tee-shirt, jean ou short décathlon, basket ou tennis et hop, c’est parti.
Je me maquille très rarement.
C’est comme si, j’essayais de me faire la plus discrète possible, de me fondre dans le décor.
Quand je fais « un effort », j’ai souvent l’impression d’être dévisagée (c’est peut-être dans ma tête uniquement), mais ça me met super mal à l’aise. Surtout quand, plus jeune, je prenais le bus tout le temps. Je devais être toujours sur mes gardes et franchement, ce n’est pas le sentiment le plus agréable du monde. Et ça ne donne pas forcément envie de s’apprêter…
Fatalement, je m’achète rarement de nouveaux vêtements. Des chaussures seulement quand j’en ai besoin.
Il y a peu, j’ai rencontré une illustratrice professionnelle dans le cadre de mon travail.
Elle est arrivée à l’association et tout de suite j’ai perçu la différence entre elle et moi.
Alors que j’étais, comme à mon habitude habillée avec un tee-shirt confort, un short et des baskets ; elle est arrivée avec des vêtements simples mais qui faisaient « habillée », avec des petites chaussures à talons, un peu de maquillage, un sac de grande personne.
Bref, je l’ai vu et je me suis dit : « elle fait pro. »
Sa manière de se présenter respirait le professionnalisme.
J’ai beaucoup pensé à ça les jours qui ont suivi.
J’ai tendance à me dévaloriser, à dévaloriser mon savoir-faire, à ne pas le mettre en avant lorsque je rencontre d’autres professionnels.
Je me fais un peu passer pour la stagiaire qui fait plein de petits trucs à droite à gauche.
« Oh oui, j’écris, j’ai une chaîne Youtube, un podcast, j’anime des ateliers d’écriture… » C’est presque si je rajoute à la fin : « mais ce n’est pas grand chose… »
Comme si ça ne comptait pas vraiment.
Le problème, c’est que je ne me présente pas professionnellement.
Voir cette illustratrice, ça m’a fait un déclic !
Moi aussi j’ai des compétences, moi aussi je peux apporter beaucoup de valeur aux gens et si je ne commence pas à le croire moi-même, vraiment, alors les autres ne pourront pas le croire non plus.
Mais voilà, il n’y a pas de carte pour nous guider vers la professionnalisation. Si tu me suis depuis quelques années, tu sais que je suis dans ce processus depuis un moment.
En ligne, ça se passe plutôt bien, mais dans la vraie vie… c’est une autre histoire.
En ligne, j’ai investi dans mon image professionnelle : à travers mon site internet pro, mon abonnement à Zoom pour les coaching, ma relation à mes clientes…
Mais dans la réalité, je n’ai rien fait pour donner cette image pro.
J’ai décidé de remédier à ça.
1. En achetant de nouveaux vêtements, de façon très consciente.
Dans le magasin, je n’arrêtais pas de me demander : quelle image j’ai envie de renvoyer ? Quel genre de professionnel j’ai envie d’être ?
Alors, bien sûr, je n’ai pas renoncé au confort. C’est un élément super important pour moi. Pas question de martyriser mes pieds toute la journée. J’ai opté pour des tee-shirt un peu plus « design » mais confortables, des jeans plus cintrés (skinny pour les intimes ^^), des jolies chaussures confortables. J’ai même acheté un peu de maquillage et du vernis !
Et, oh surprise ! ça fait du bien de prendre soin de soi, de s’accorder ces moments.
De prendre le temps.
2. Commander des cartes de visite
Après avoir refait ma garde-robe, j’ai décidé de faire des cartes de visite à donner aux gens que je rencontre dans la vraie vie. Sur celle-ci, j’ai mis l’adresse de mon site internet pro et mes coordonnées. Je ne les ai pas encore reçu, mais j’ai hâte de tendre ma carte de visite à quelqu’un : ça fait pro !
3. Réfléchir à la manière dont je me présente
Bien sûr, il n’y a pas que l’habit qui fait le professionnel, je dois aussi réfléchir à la manière dont je me présente. Je fais tellement de choses, que ce n’est pas toujours simple. Une des solutions, c’est donc de trier ce que je dis en fonction de mes interlocuteurs.
J’ai plusieurs cartes en main, à moi de jouer celles qui sont les plus pertinentes dans la partie en cours.
Je sais que j’ai raté plusieurs opportunités de coaching avec des gens dans la vraie vie par peur, par manque de cette audace que j’ai derrière mon écran.
En réalité, je suis assez timide. Bon, moins que quand j’étais enfant, mais parfois ça revient, et alors je redeviens cette petite fille timide qui parle doucement et n’ose pas prendre sa place.
Or, dans l’univers professionnel, personne ne va te donner cette place si tu ne l’as prend pas !
Et, comme en Angleterre, je pense que le simple fait de m’habiller différemment va m’aider.
C’est comme enfiler un costume ou un masque, on se met dans la peau du personnage et à force de jouer la comédie, on finit par se prendre au jeu.
Et toi, comment tu vis (ou as vécu) cette transition vers le monde professionnel ?
à bientôt peut-être
Elodie
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Très intéressante réflexion… c’est vrai que c’est pas évident, la question des habits, ça renvoie aussi à des questions d’identité personnelle, et comme c’est une importante transition l’entrée dans le monde professionnelle, on ne se reconnaît pas forcément dans ces nouveaux habits, on se dit que c’est pas nous… pour moi aussi l’entrée dans le monde pro s’est accompagnée d’un changement de vêtements, parce que justement, je ne voulais pas passer pour la stagiaire ^^ et c’est vrai que ça fait bizarre au début, mais petit à petit ça devient aussi notre « nouvelle identité », ce qui n’empêche pas de garder l’ancienne (j’ai clairement une garde-robe différente entre les moments pro/détente !).
Oui ! C’est vrai qu’il faut s’approprier cette nouvelle identité. C’est un peu comme une mue, ou une métamorphose. Ce sont des changements intérieurs plus ou moins subtils, mais qui marquent finalement des moments de transition importants.