Champ de mines

La menace prolifère : à l’angle de ta maison, à la radio, dans un livre, dans l’odeur persistante de tes draps, dans tes nuits agitées…

L’ombre d’une silhouette, les accords d’une chanson, le mouvement langoureux de la fumée de ta cigarette…

et le souvenir te saute à la gueule : sa peau contre la tienne. Brûlure. Cœurs ouverts sur l’oreiller entre deux souffles…

et te voilà : déchiqueté, le visage défiguré par la bourrasque du souvenir. Il fouette tes joues, t’arrache des hurlements que nul n’entend. Entre tes mains en lambeaux, ton cœur arraché. Sur ta bouche, le goût de ses lèvres a laissé place à la cendre. Brûlé vif. Ta peau souffre le monde.

Le monde est devenu un vulgaire champ de mines et parmi elles tu essaies de survivre :

Visage maquillé de rage pour recouvrir la tristesse. Mascarade qui coule au coin des yeux. Taire les hurlements d’un trait de rouge à lèvre, saignant. Regard écarlate : prétendre la défonce et t’enfumer le cerveau.


Texte écrit en collaboration avec Thomas Dumey (dessin)

Elodie Lauret Écrit par :

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