3 ans sans terminer un roman ! (semaine 22/56)

Je viens de passer 3 ans sans terminer un seul manuscrit.

Bien sûr, j’ai écrit, des nouvelles (dont une devrait être publiée avant la fin de l’année), des textes de chansons, je me suis même essayé à la poésie, mais aucun texte long…

Réaliser que ça faisait aussi longtemps que je n’avais pas fini de premier jet, m’a mis un sacré coup au moral.

3 ans.

3 ans bordel !

1095 jours…

Où sont passées ces trois années ?

Principalement dans le théâtre. J’ai donné beaucoup de mon temps, de mon énergie, de ma créativité au théâtre ces trois dernières années et je ne regrette absolument pas. Ces trois années m’ont aidé à me régénérer, à remplir mon réservoir à histoires, à absorber des énergies et surtout à redécouvrir mon île. Mon écriture a trouvé un ancrage.

La Réunion.

Certes, elle continuera toujours de voyager, de se déployer aussi loin que portera mon imaginaire, mais quelque chose s’est consolidé.

De l’importance du vide

On pense (on espère ?) souvent que l’écriture soit un parcours linéaire, rempli de pages noircies, de moment de flow, d’exaltation !

Après ces 3 années, je suis persuadée qu’une carrière d’auteur est irrémédiablement faites de temps de flottement, de temps de digestion, de périodes où l’on écrit pas vraiment (ou dans les marges, sans s’en rendre vraiment compte), de moments où on se concentre sur le remplissage du réservoir créatif.

On parle peu de ces moments.

De vide.

De ce qui, en surface, semble n’être que du rien.

De la négation.

Je n’écris pas.

Je ne produis pas.

Dans un monde d’hyper productivité, ce « rien » fait peur. Il faudrait tout compter, remplir des fiches de nombres de mots, remplir ses objectifs pour pouvoir obtenir le sacro-saint statut d’auteur.

Et pourtant…

Avancer à l’aveugle

Au cœur d’un voyage, il n’est pas rare de se perdre, de se tromper de chemin, d’errer. Au cours de ces errances, au détour des chemins balisés, on se laisse surprendre, on découvre des oasis qui nous seraient restées inaccessibles autrement.

Dans ce cas, deux chois s’offrent à nous :

• décider de retourner au plus vite sur le chemin balisé et garder les yeux rivés sur son objectif
• se laisser une marge de manœuvre, accepter de se laisser surprendre, ne pas tout planifier.

Je ne vais pas te mentir, j’ai résisté longtemps à l’appel des sentiers qui n’en sont pas. J’ai voulu rester sur le « droit chemin », mais ça devenait de plus en plus compliqué de ne pas répondre à l’appel des sous-bois.

Alors, pleine d’hésitation, je me suis éloignée de la route balisée. Accepter d’écrire des petits paragraphes de ci de là, gribouiller des textes en créoles, acheter un dictionnaire français/créole, prendre le ukulélé et gratter, poser ma voix, timidement, monter seule sur scène, porter mes textes devant un public.

Pendant un temps, l’écriture a pris une autre voie que celle du roman.

Et puis…

La frustration

Il faut bien reconnaître que même si la balade fut agréable, depuis un an, ça grattait vraiment. L’envie de reprendre le chemin de l’écriture d’un projet long. L’envie surtout d’avoir du temps pour me déposer plus longuement dans un texte. J’aime m’immerger dans mon histoire, passer du temps avec mes personnages, sillonner les phrases, passer du temps à fixer le plafond…

Or, avec mon emploi du temps fragmenté, ce temps était quasi-impossible à trouver. J’ai commencé à être de plus en plus frustrée de ne pas avoir ces longues plages à disposition pour rêvasser et surtout écrire !

En 2022, j’ai fini par réclamer/demander des périodes d’écriture dans mon emploi du temps de comédienne. J’ai posé une demande de bourse d’écriture où j’ai du définir des périodes précises de rédaction.

Le vert, couleur des plages d’écriture sur l’emploi du temps de la compagnie où je travaille, est apparu.

Un vert comme une bouffée d’oxygène.

Un vert promesse de temps privilégié avec mon écriture.

Un vert, ballade en forêt.

Fermer la porte

J’ai aussi refermé la porte. Celle que j’avais laissé grande ouverte pour l’écriture du Chronophage. Je t’ai partagé quasiment tout le processus de l’écriture de ce livre sur le podcast. Cette fois, j’ai d’abord commencé porte fermée, parce que c’était encore trop fragile, trop incertain, parce que je voulais aussi préserver ce tête à tête. Et puis, j’ai partagé un peu, parce que ça me manquait, que parler d’écriture c’est parfois démêler des fils.

Et… à l’heure de ma deuxième période d’écriture de l’année 2023, j’ai laissé le dictaphone/podcast de côté.

Certaines m’ont envoyé des gentils messages pour demander quand je publierai un podcast, une vidéo, un article, un post Instagram…

La vérité c’est que j’ai préféré mettre toute mon énergie dans l’écriture de mon projet « Alerte Rouge ».

Retrouver la joie d’écrire

Je viens de passer deux semaines à écrire et wow ça fait tellement de bien ! J’ai retrouvé les sensations qui m’ont toujours faites vibrer en tant qu’autrice.

Longtemps, j’ai communiqué à travers l’écriture. Quand j’ai arrêté… j’ai eu de plus en plus de mal à m’exprimer, à prendre du recul sur certaines situations. Comme si, l’écriture avait toujours été le catalyseur à travers lequel la vie, les expériences, les émotions devaient passer pour que je puisse les traiter. Écrire c’est mettre du recul entre le monde et soi pour peut-être, à défaut de mieux le comprendre, essayer de s’approcher d’une forme de vérité. Les personnages, ce qu’ils incarnent, les symboles et les thèmes sont autant de portes ouvertes, de chemins dérobés qui me permettent d’atteindre des lieux, des endroits de moi-même qui me resteraient autrement inaccessibles.

Extrait d’Alerte Rouge

Finir un premier jet !

Hier, pour la première fois en trois ans, j’ai mis un point final à mon premier jet.

Je suis encore sonnée.
Un peu vidée.
En décalage horaire.

Bien sûr, il reste encore beaucoup de travail, mais pour l’instant je profite de ces sensations, de cette joie retrouvée.

Si toi aussi tu n’as pas fini un projet depuis longtemps…

C’est ok.

Ça ne veut pas dire que tu ne termineras plus jamais rien.

Tu peux retrouver le chemin de la joie, de l’écriture.

Parfois l’écriture passe au second plan, parce que la vie est au premier plan.

Je te recommande la série de vidéos de Sarra Cannon (en anglais) pour te rebooster !

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A dimanche prochain…

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