Entre 1963 et 1982, des milliers d’enfants réunionnais ont été enlevés à leur famille dans le but de repeupler et de fournir de la main d’œuvre aux régions dépeuplées de la métropole (la Creuse notamment) après la Seconde Guerre Mondiale. On promettait aux familles de ces enfants un avenir et une éducation ainsi que la possibilité de retourner à la Réunion tous les ans, tous frais pris en charge par le gouvernement. Dans les faits, les enfants furent déclarés pupilles de l’État, ou orphelins. Les frères et sœurs furent séparés pour la plupart. Placés dans des fermes, victimes de racisme et de mauvais traitements ; parlant seulement créole ; peu habitués au climat ; exploités pour les travaux… le traumatisme était – est – grand pour ces enfants. Certains se sont suicidés, d’autres ont survécu mais restent profondément marqués par cette expérience. Aujourd’hui, un devoir de mémoire et de justice commence à être mis en place. Devoir important car de nombreuses victimes demeurent encore séparés de leur famille. Elles ignorent comment les retrouver, l’administration ayant été chaotique lors de cette procédure qu’il n’est pas exagérée de qualifier d’inhumaine. Des frères et sœurs qui ne se sont jamais revus, des enfants et des parents qui ont vécu séparé depuis l’enfance. En parler est un devoir, et pas seulement de mémoire. Avec ce texte j’apporte ma faible contribution.
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[…] Rien ne peut justifier les enfants de la Creuse non plus. […]