La valse des vagues se rapproche. Leurs corps embrumés roulent sur le sable et y déposent des gouttes, comme autant de baisers incertains. La surface de l’eau frissonne, timide. Les minutes gonflent le courant et l’assurance de l’océan. Il bombe le torse. L’écume étire ses phalanges à mes pieds.
Danseuse et musicienne, l’onde m’hypnotise. Son murmure emplit mes oreilles et je me laisse séduire par la voix du ressac tandis que les flots progressent. Les rouleaux s’enroulent à mes chevilles, grimpent à mes mollets, escaladent mes cuisses, entourent mon bassin, étreignent mon buste, enserrent ma gorge. Les lèvres de l’océan s’unissent aux miennes. La langue saline lèche l’intérieur de ma bouche avant de glisser dans mon œsophage. Une larme, peut-être deux, se noient dans les vagues.
Avant moi.
Mes paupières se ferment. L’eau inonde mes poumons, je ne suis plus sûre de vouloir mourir…
***
J’ouvre les yeux. Pas le moindre raie de lumière. À quelle profondeur suis-je descendue ? Suis-je morte ? J’essaie de bouger ; je ne peux pas. J’ouvre la bouche pour crier. Impossible.
Je respire.
Noir. Silence. Infini.
Mon corps est comprimé. Cette fois mes membres répondent et je me débats jusqu’à l’épuisement.
La sérénité reprend ses droits autour de moi, m’englobe. Je me calme.
Une voix. Une autre. De la musique. Des rires. Lointains… si proches.
Cette fois la quiétude est rompue. Une force me pousse. Ma cage thoracique est compressé. J’ai peur…
***
L’air qui pénètre dans les poumons du nouveau-né lui arrache un cri. La sage-femme l’enroule dans une couverture avant de le tendre à sa mère :
― Félicitations ! C’est une belle petite fille.
Un sourire traverse le visage fatigué de la maman. Elle enlace son enfant pour la première fois et caresse son minuscule minois du bout des doigts.
Le bébé déplisse ses paupières, elles laissent apparaître l’immensité de son regard océan.
Texte écrit en collaboration avec Thomas Dumey ( dessin )
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