Sédiments du passé (semaine 32/56)

Il y a des semaines où passé et présent se télescopent.

J’ai retrouvé les copains du lycée pour le mariage de l’un d’entre eux. Et avec ce mariage, avec ses retrouvailles, j’ai aussi renoué avec cette ancienne version de moi.

Cette adolescente, pleine de rêves, d’insouciance, mais aussi – soyons honnête – pleine de questionnements et de doutes. Au lycée j’étais hantée, obsédée, par l’idée de savoir si oui ou non je serai fière de celle que j’allais devenir.

Est-ce que ma version du futur serait à la hauteur du fantasme d’une ado de seize ans ?

Elles se sont regardées dans le miroir.

Derrière elle, se tenaient les milles et une autres versions de moi-même. L’étudiante de Grenoble, l’assistante de français en Angleterre, la Toulousaine, la réunionnaise de retour au pays, la comédienne, l’autrice, l’amoureuse, la sœur, la fille, l’exe, l’amie…

Un face à face vertigineux.

Elles ont fini par se rassembler et se sont données la main, chacune à son tour.

Passé et présent en une seule ligne continue avec ses ombres et ses lumières, avec ses soupirs et ses espoirs, avec ses silences et ses non-dits.

Pour la première fois depuis longtemps, la sérénité.

Un regard en arrière, non plus empreint d’une boule dans le ventre, le cœur, la gorge, mais un rayon de soleil.

Oui, je crois qu’elle aurait été fière de moi.

Et pourtant, je sais que cette adolescente a encore beaucoup à m’offrir.

Je me souviens de la détermination farouche au creux du ventre. La fièvre intérieure qui pousse à se dépasser, à se rebeller, à tenir tête malgré la peur.

Je me souviens de l’envie d’en découdre, des « tu vas voir » murmurés à la nuit, les textes écrits avec les tripes, les lectures qui secouent, le premier ordinateur, les matins de Noël à écrire, le cahier rose, les concours de nouvelles, l’horizon comme toile de mes rêves éveillés, l’étincelle tirée du vide et de l’ennui, les sessions d’écriture dans les branches, la marche : moteur des imaginaires, les couleurs du jardin impossible à capturer entre mes pages, l’ailleurs à bout de bras, l’ici encore lointain.

Alors, merci à toi, Elo-l’ado : gardienne farouche de nos rêves.


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Photo de Annie Spratt sur Unsplash

Elodie Lauret Écrit par :

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