Les rires suraigus et les blagues douteuses de maman. Les récitations des leçons, des tables de multiplication. Les premiers pas de mon frère. Les larmes après l’école, séchées en un seul mot maternel. Les goûters : pain au chocolat, ou à la vache qui rit… fruits, surprises.
Le soleil du samedi midi, les gouttes de transpirations.
Les courses avec Éric. Pour échapper à la pluie, pour le plaisir de s’affronter.
La pluie. Les bottes. Sauter dans les flaques, se déshabiller sur le pas de la porte et nus, allés à la salle de bain, hilares.
Les chants, réels ou inventés.
Les anecdotes de la journée. Les silences des jours de colère. La respiration lourde, les larmes à peine retenues par la barrière des cils.
L’espoir à chaque passage d’une voiture. La désillusion lorsqu’elle continue sa route sans ralentir ; la joie lorsqu’elle s’arrête. Se laisser porter par le véhicule et rentrer plus vite à la maison.
L’incompréhension de l’adolescence. Discussions déchirantes. L’amour, les garçons… les hommes tous les mêmes. Désir d’émancipation, désir de préserver celle qui a fait grandir la confiance. Malgré tout.
L’ombre de l’autre, dont on ne parle presque jamais.
La complicité de nos pas qui s’accordent au même rythme. S’aider d’une tape dans le dos, à avancer. Se soutenir. Porter les sacs, lourds de cahiers d’écoliers.
Montée, pente interminable. Soulagement du dernier virage. Celui qui donne la force de continuer.
Courir presque pour enfin… rentrer à la maison.
Un travail en collaboration avec Thomas Dumey (dessin).
Soyez le premier à commenter