Cher toi #039_entre style et histoire

Je me sens parfois tiraillée entre deux aspects de l’écriture : l’aspect stylistique et l’aspect construction narrative.

Avant, je voulais raconter des histoires.

Je le veux toujours, mais parfois j’ai surtout envie de travailler la langue. 

Avant, je ne comprenais pas les gens qui lisaient un livre dans lequel il ne se passait rien, pour le simple plaisir des jolies phrases ou d’un style qui creuse quelque chose à l’intérieur.

Je restais hermétique à ça. 

Avant, la littérature blanche contemporaine m’ennuyait profondément, et puis j’ai rencontré des auteurs, des plumes, et j’ai changé d’avis. (Ça fait un peu pub pour le détergent ou la lessive ^^ ).

Est-ce que je ne peux pas associer ses deux aspects ? 

Certains auteur(e)s y arrivent. Je pense notamment à Delphine de Vigan, dont j’admire le style et les histoires.

Pour l’instant c’est plus compliqué pour moi. Quand je pense style, je pense fulgurance, jaillissement du texte. Ça ne veut pas dire que je ne le retravaille pas, mais ce genre d’écriture vient d’un endroit très viscéral et émotionnel. À l’inverse, la construction narrative vient davantage de la réflexion, de la raison.

J’ai également remarqué que lorsque je faisais prévaloir le style – et un état de la langue – sur l’histoire, je ne pouvais pas élaborer de plan.  C’est lié je pense, à l’aspect viscéral de la chose et à la spontanéité qui semble nécessaire chez moi pour entre dans cette zone stylistique.

Quand je me concentre davantage sur la narration, l’intrigue etc. ça me pose beaucoup moins de problèmes de faire un plan en amont.

Je ne veux pas renier ma curiosité de ses deux aspects, même si pour l’instant je ne sais pas comment les réunir pleinement.

J’ai envie d’expérimenter, envie de fulgurance, de textes qui bouillonnent. De fragments. D’exploration.

Et toi, es-tu branché(e) plutôt style ou plutôt histoire ? Est-ce que tu as trouvé un moyen de rassembler les deux harmonieusement ? 

À bientôt, peut-être

Élodie

P.S : tu peux retrouver un de mes textes dans la Relève d’encre, page 72. Un texte écrit sous le mode de la fulgurance, en quête d’un état de langue.


 

Elodie Lauret Écrit par :

5 Comments

  1. 30 mars 2019
    Reply

    Comme toi à une époque, je suis tout à fait hermétique à ces auteurs de littérature blanche qui racontent des histoires avant tout pour se regarder écrire. Au prix que coûte un livre, je préfère autant en acheter un qui soit un véritable récit, à même de me distraire en me transportant ailleurs.
    Selon moi, le style doit servir l’histoire. Avoir un bon style n’est important que dans la mesure où il aidera le lecteur à entrer dans l’univers que l’on a conçu. Plus il est bon, plus facile sera cette entrée. Ça ne veut pas dire que je ne suis pas content de certaines trouvailles stylistiques quand il m’arrive d’en sortir, mais le style n’est pas au centre de mes préoccupation, c’est l’histoire qui l’est.

    • Elodie Lauret
      30 mars 2019
      Reply

      « ces auteurs de littérature blanche qui racontent des histoires avant tout pour se regarder écrire.  » Ahaha, oui je suis d’accord concernant cet aspect. Ce qui m’a fait changer d’avis, c’est justement de rencontrer des textes qui réussissaient à transmettre une émotion, au-delà d’une histoire justement. Je pense que pour apprécier ce genre d’ouvrage et de textes, il ne faut pas être forcément à la recherche d’une histoire. Certains textes n’ont pas cette visée, et visent un « état de langue », une recherche stylistique. Certaines personnes peuvent y être très sensibles et être, à l’inverse, hermétiques à un texte trop « simple » stylistiquement et centré sur l’histoire. C’est une question d’affinité je pense et heureusement qu’il y en a pour tous les goûts ^^ chacun peut y trouver son compte.

  2. 3 avril 2019
    Reply

    En tant que lectrice, ça dépend de mon humeur. J’apprécie tout autant être transportée dans une histoire que de l’être par des phrases magnifiques.J’ai récemment lu Choses qu’on dit la nuit entre deux villes de Francis Dannemark, il n’y a pas d’histoire, seulement deux personnes qui se croisent, échangent, et il y a des réflexions splendides, j’ai été émue à plusieurs reprises.
    En tant qu’autrice, je veille d’abord à construire un récit, avec des rebondissements, du mystère, et une fin inattendue. Cependant, je m’efforce aussi de soigner le style, j’aime écrire à partir d’images, parfois (pas trop, pour ne pas alourdir le texte), et il m’arrive d’être fière de certaines phrases. 🙂 (à titre d’exemple, sur mon blog, mon atelier d’écriture, j’écris à partir de mots imposés, et cela donne lieu à de jolies trouvailles, je pense – enfin, je l’espère ^_^ )

    • Elodie Lauret
      3 avril 2019
      Reply

      Ah oui, j’ai vu passer ce joli atelier/exercice d’écriture sur Facebook. Il faut que je suive ça de près. C’est une super idée, au lycée, je pratiquais beaucoup cet exercice d’écriture à partir de mots contraintes, ça force à sortir de sa zone de confort. 🙂

      • 3 avril 2019
        Reply

        Quand j’étais enfant, je prenais des mots du dictionnaire, et je les intégrais à de petits textes – c’est pourquoi j’ai voulu lancer cet atelier sur mon blog, il y a quelques années… 🙂

Laisser un commentaire