Qui a dit qu’écrire n’était pas épuisant ? Lorsque la journée s’achève, je suis exténuée. Littéralement. Je sens une immense fatigue dans mon corps, une lourdeur dans mes os, mon sang transformé en encre visqueuse, l’impression d’avoir couru un marathon. Mon esprit, n’en parlons plus, il est essoré ; je ressemble à un zombie, le regard vide et ma tête ballante n’a qu’une hâte : s’effondrer sur l’oreiller.
Je reste assise sur ma chaise toute la journée et de l’extérieur on peut penser que c’est facile ; à l’intérieur, c’est un processus alchimique : essayer de transformer de vagues idées en mots, des émotions diffuses en phrases, un paysage en paragraphes, une histoire mentale en roman lisible par d’autres.
Tout est une question de dosage : pas trop de ci, un peu de ça, là c’est déséquilibré, le plomb reste plomb. Là, il y a quelque chose, ça commence à briller, l’or est juste là, à portée de chaudron, paf, ça s’évapore entre tes doigts, il faut tour recommencer. Tu essuies une goutte de sueur sur ton front et c’est reparti.
À la fin de la journée, tu t’arrêtes, regardes les casseroles, les alambics, le chaudron, les matières collantes ni plomb ni or, tu te prends la tête entre les mains et te dis : est-ce que ça ne serait pas plus simple d’abandonner l’alchimie, est-ce que ça ne serait pas plus simple de faire un bon vieux pudding à l’arsenic ?
À bientôt, peut-être
Élodie
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C’est une jolie analogie… 🙂
Merci 🙂
[…] On passe tellement de temps à façonner les mots, à les malaxer, à essayer de les faire tenir debout, à leur insuffler la vie. Est-ce qu’on y arrive vraiment un jour ? On essaie. Certains textes restent morts, il manque la palpitation, d’autres en quelques phrases prennent vie. Je le redis, mais écrire relève de l’alchimie. […]