Ils se prennent au jeu. Et l’un à tôt fait de brandir un bâton en guise d’hélicoptère miracle pour sauver celui tombé d’une falaise de pop-corn. Et l’autre, lancé dans sa voiture propulsé au jus d’orange, commente le tout, inventant une langue qu’il est le seul à comprendre, pleine de « oh » et de » ah ».
Ce qu’ils font dans les arbres.
À celui-là qui a grandi loin de la France, le terme évoque les bières tièdes que l’on boit, accoudé sur le bar où sur sa jeunesse trop tôt évaporé.
À un autre, il éveille le souvenir de ces émissions qu’il regardait enfant, avec sa mère, le dimanche. Une éternité auparavant.
À celui-ci, les voyages au pied des montagnes Suisses au creux desquels il a appris à skier.
Et ensemble ils créent un paysage de souvenirs, s’en tissent une cabane où se rencontrer, grandir, échanger. Ensemble.
Ce qu’ils font dans les arbres.
Medhy avec Cynthia, Benoit avec Vanessa, Lisa avec Marie, Tristan avec Baptiste ; s’ils s’embrassent ce n’est jamais pour passer le temps, mais toujours pour goûter de nouveau à l’ivresse des mots silencieux, coincés au fond de la gorge. Ceux qu’on ne peut cueillir à l’aide d’autres mots. Ceux que l’on saisi par l’avidité de la bouche. Ils s’embrassent pour se parler ; se parlent en s’embrassant : les lèvres grandes ouvertes, le larynx au repos.
Ce qu’ils font dans les arbres.
Texte écrit dans le cadre du Master Création Littéraire Toulouse, avec l’auteur Charles Robinson, au Vent des Signes.
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