Prendre sa place en tant que femme artiste

« J’ai du mal à prendre ma place. Je suis plus à l’aise en soutien qu’en lead/meneuse. »
A la fin du cours de théâtre d’impro, la phrase s’extirpe avec peine de ma bouche. J’ai du mal à le reconnaître. Du mal aussi à dire que je veux prendre plus de place.
Plus de lumière.

Dans la semaine, la phrase infuse. Il y a ce désir de monter sur scène, d’être au centre de la scène. De ne pas m’effacer pour X ou Y.
Et en même temps que cette envie, la gêne.
Une gêne et un trouble bien enracinés dont les voix s’enroulent à mes désirs jusqu’à les étouffer.
« Tu vois bien que tu n’es pas à l’aise quand tu es seule. Tu n’as pas les épaules. Tes jambes tremblent, ta voix tremble, ta motivation toute entière tremble. »

En attendant de trouver l’élan pour étrangler le doute, je reste assise au fond de la salle et j’observe. Hommes et femmes entrent et sortent de scène. Les premiers sont entourés d’une sorte d’aura. Ils sont là, à leur place, sans se demander sans arrêt « est-ce vraiment la mienne ? »
Les deuxièmes entrent sur scène à tâtons, sur la pointe des pieds, leur voix se font plus timides.

Bien sûr, il y a des femmes plus expérimentées, celles qui ont confronté leurs doutes et requestionné leur place dans le monde. Elles aussi sont passés par l’inconfort et la gêne, elles aussi ont du se battre contre les voix intérieures et extérieures pour finalement arriver à tenir debout au centre de la lumière.

Sans vaciller.

Aujourd’hui, je ne veux plus m’effacer. Demander pardon de prendre la lumière. Je veux monter sur scène.

Oser être là, sans m’excuser !

Ce n’est pas un pas en avant, mais plutôt un retour aux sources. Comme me le rappelle ma directrice artistique, enfant, c’est moi qui guidait, qui menait ma joyeuse bandes de cousins, cousines et mon petit frère. J’ai été une meneuse ! Je veux creuser et déterrer cette part de moi trop longtemps endormi.

Je suis une femme.

Une artiste.

J’ai ma place.

***

PS : Ce samedi je participe, en tant qu’artiste à un évènement organisé par des femmes et pour des femmes artistes.


Photo by Alexander Krivitskiy on Unsplash

Elodie Lauret Écrit par :

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