Quand on parle de l’histoire de la Réunion, on parle souvent de l’esclavage. La souffrance, les victimes, le shabouk qui claque, les punitions…
Comme un arrière-goût de victime.
Et pourtant il y a dans cette partie de l’histoire, aussi sombre soit elle, une puissance ! Elle se révèle dans le marronage. Et aujourd’hui plus que jamais, à l’heure où la liberté est prise en tenaille, je dois m’en rappeler.
Au cœur de la plus grande souffrance, au cœur des plus grandes privations de liberté, il y a ceux qui risquent le tout pour le tout !
« Le marronnage est le terme utilisé pour définir la fuite des esclaves »
Site Habiter la Réunion
Dans le terme de « fuite » il y a encore la notion de victime. Il est peut-être temps d’y voir plutôt la force d’un choix, d’une volonté ferme de retrouver sa liberté, même au prix de sa vie !
Aujourd’hui, à la Réunion et ailleurs, les marrons existent encore. En faisant un pas de côté, en se réunissant, en choisissant des voies alternatives, en replantant les racines là où elles ont été arrachées, en écrivant, en chantant, en jouant, en criant, en murmurant… en refusant de courber l’échine !
Allons marron !
Trouver des espaces, des lignes de fuite.
Sortir du cadre
Respirer la liberté,
Chercher encore, dans nos tours de briques
des brins d’herbes sauvage.
Sentir leur parfum nourrir notre âme
Allons marron !
Vol su lé montan
Rencont zanset
Raccommoder les langues et les oreilles arrachées.
Des ponts entre le théâtre et l’écriture :
Cette semaine c’était la reprise des répétitions de théâtre en vue des représentations pour les Nuits de la Lecture. En parallèle, j’ai aussi repris l’écriture de mon projet en cours – un petit peu tous les matins avant de filer aux répets.
Si théâtre et écriture demandent des énergies différentes, il y a aussi énormément de points communs entre ces deux pratiques.
Il y a d’abord cette exigence de la justesse :
En théâtre, dire juste, trouver en soi la bonne justification pour délivrer le texte, résonner sur la bonne fréquence avec lui. En écriture, il faut trouver le bon mot, la bonne ponctuation, pour rendre le plus justement possible le message qu’on veut délivrer.
Entrer hors de soi :
En théâtre, c’est enfiler un costume pour entrer dans un personnage : sa manière de parler, de se déplacer, de prendre des respirations.
En écriture, je trouve moins cette corporéité propre au théâtre, mais il y a cet oubli de soi pour laisser émerger un autre. Un personnage, une écriture, une façon de parler, de prendre place sur la page.
Plus le temps passe, plus je sens le théâtre infuser dans mon écriture.
Au départ, c’était discret, inconscient, mais maintenant, l’influence est plus visible. J’écris en gardant en tête le théâtre. J’écris et je mes en scène mes personnages comme je le ferai avec des comédiens. J’écris et les scènes se découpent comme des entrées et des sorties de plateau. Des espace-temps, des monologues, des duo, des trios, des décors… empreints du monde du théâtre.
Au cours de ces deux dernières années, je croyais que le théâtre m’avait un peu éloigné de l’écriture…
et si il m’en avait rapproché ?
A dimanche prochain…
N’oublie pas de t’abonner au blog pour ne rater aucune publication !
Soyez le premier à commenter