Mourir et puis sauter sur son cheval, David Bosc

J’ai relu hier, Mourir et puis sauter sur son cheval de David Bosc. Il y a deux ans, je noircissais un cahier à spirale. Je ne laissais pas le crayon se reposer, pas un instant. Ça fusait. Je voulais tout déballer, tout vomir, cracher, tout comprendre. La rupture, moi, ce besoin d’ailleurs quand tout va bien. J’avais trouvé dans ce livre un écho à ça, la liberté de vouloir vivre et de décloisonner le monde. Quel genre de dépôt il a laissé en moi ce livre là ? Je l’ai relu et les mots résonnaient dans ma tête, ceux de Lagrasse, les intonations de Louis-Alex. Le livre a pris une saveur de bonbon oublié au fond d’une poche et qui fait la joie d’un enfant. Cette enfant là, celle du livre, aveuglée par la liberté, cette enfant là, elle tourbillonne en moi. Et ces mots à lui, les mots de David Bosc, ils saisissent ce qui en moi est diffus.

Je me souviens du cahier bleu, écorné à force de traîner dans mon sac. Il m’a tenu à peine deux semaines. Peut-être moins. S’y mélange, les réflexions sur la création littéraire, sur mes amours, trop nombreux pour un cœur aussi petit, les minutes d’attente. En avance, toujours en avance, comme pour voler des minutes au temps, un pas de côté hors du monde. Des citations aussi, des envies d’essayer, de créer autrement. Je faisais mon nid, entre les livres de la bibliothèque et le refus de la déprime, la fuite de la tristesse. Comme si je pouvais lui échapper. Écrire l’a maintenu loin pendant un instant. Ce poids sur le cœur, cette lourdeur, mon sang changé en plomb. J’ai cru que ça serait toujours comme ça. Après avoir été une plume, légère, amoureuse, insouciante, j’étais un sac de plomb cloué au sol, qui essayait tant bien que mal de voler, en griffonnant des bêtises sur l’amour et sur l’écriture. En trouvant dans les livres un réconfort que personne d’autre ne pouvait m’apporter. Les mots étaient là, toujours.

Mon cahier bleu m’a sorti de la solitude. Assise sur un trottoir à attendre l’heure de la récup’, les curieux venaient vers moi. Tu écris, qu’est-ce que t’écris ? Et la conversation engageait aussi simplement pouvait durer une minute comme un quart-d’heure. Ça brisait ma solitude ces moments. Et j’ai goûté un moment de bonheur sur le toit d’un immeuble à Toulouse. J’ai vu le soleil se coucher sur la ville rose et faire s’empourprer les façades. J’ai mangé de la pizza et savouré la vue.

Mourir et puis sauter sur son cheval, pour moi et mon cahier à spirale c’était tout ça et la confirmation que non, non je n’étais pas seule dans cette métamorphose et que moi aussi je pouvais m’envoler.

Elodie Lauret Écrit par :

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire