Ce matin, c’est le dernier café et la dernière lettre dans la maison où j’ai passé deux semaines à écrire. Ce lieu a déposé des embruns sur mes mots, un Coquelicot dans le sable en gardera la saveur.
Mais au sel, se mêle l’insatisfaction : ce manuscrit est un premier jet, il ne peut pas être parfait. J’ai beau le savoir, je suis assez critique avec mon travail et le fait de donner à voir ce truc encore plein de fêlures, de trous, de creux, de bosses… crée de la frustration. Savoir que le concours s’achève à la fin du mois et que d’ici là je n’aurais pas le temps de le rendre aussi pimpant que voulu n’aide pas. C’est comme si on m’avait commandé une maison fonctionnelle et décorée avec goût et que je livrai, à la place, un truc où la plomberie fait un bruit bizarre, avec quelques cafards par-ci par-là, et… surtout, surtout, ne déplace pas ce meuble… le mur en carton-pâte risquerait de s’effondrer.
Ce premier jet, cette histoire, ce texte, ce n’est pas le meilleur de ce que je peux faire, ce n’est pas représentatif de mon écriture mais…
C’est le jeu ma pauv’ Lucette.
L’insatisfaction, l’incertitude, les doutes, les remises en question, ça fait aussi pleinement partie du processus. C’est normal d’éprouver ça. Une fois qu’on accepte l’inconfort, qu’on sait que c’est normal, on apprend à continuer à avancer malgré tout.
Sur ce, bonne journée, je retourne essayer de rendre ma maison hantée habitable.
Promis, tu seras invité(e) à la crémaillère.
À bientôt, peut-être
Élodie Lauret
Photo by Florian Haun on Unsplash
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